La maladie de Lyme : un problème de santé publique
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Une maladie qui se cache derrière de multiples symptômes, des autorités effrayées par l’ampleur du phénomène et par les coûts prévisibles de cette affection de longue durée, sans doute des labos pas encore prêts mais luttant néanmoins contre les thérapies alternatives efficaces et la proposition de loi visant à sa prise en charge est renvoyée en commission.

Voici l’été et ses belles balades en forêt ou en campagne. Avec un peu de malchance, au retour vous rapporterez bien accrochée à votre peau une petite bête : la tique. Pas de panique, avec un tire-tique, vous pourrez vous en débarrasser, mais sachez qu’il y a une tique sur trois qui est porteuse d’une bactérie appelée Borrelia burgdorfer. Et là, vous entrez dans le monde de la Borréliose, une maladie pas aussi rare qu’il n’y parait..Officiellement de 43 cas pour 100.000 habitants en France, elle atteint 200 cas dans notre région. Présente dans 65 pays, elle est devenue la plus fréquente de toutes les maladies vectorielles transmises à l’Homme dans l’hémisphère nord.
Il faut dire que la température et l’humidité influenceraient fortement le comportement de tiques porteuses de borrélies : elles sont deux fois plus mobiles, et recherchent plus activement des proies quand il fait chaud et sec. Avec l’augmentation des chevreuils, cerfs et sangliers due à l’absence de grands prédateurs, avec la régression des petits prédateurs due à l’usage des pesticides, associés à l’affaiblissement généralisé du système immunitaire dans une grande partie de la population, en raison des carences nutritionnelles et des polluants absorbés, les conditions sont réunies  pour la multiplication des tiques et avec elles, de la maladie de Lyme.
Les premiers touchés par la maladie sont les agriculteurs et les forestiers, pour qui elle est reconnue maladie professionnelle.. Trois députés UMP ont fait une proposition de loi pour une meilleure prise en charge de la maladie.
Les objectifs de cette proposition de loi étaient d’améliorer les connaissances sur le nombre de personnes atteintes, sur leurs besoins et sur leur prise en charge, d’améliorer  la formation des intervenants. Elle réclamait aussi un plan national pour la maladie de Lyme sur cinq ans de 2015 à 2020. Avec sept volets : recherche et financements, veille sanitaire, dépistage, diagnostic, information du public et des professionnels, prévention, déclaration obligatoire des données individuelles à l’autorité sanitaire par les médecins et les responsables des services et laboratoires de biologie médicale publics et privés. Fin 2014, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a rendu public un rapport sur la borréliose de Lyme avec des recommandations notamment sur la prise en charge de la pathologie.
La «Lettre ouverte de l’association France Lyme à Mme la Ministre de la Santé Marisol Touraine», reprend les différentes facettes du problème de santé publique que représente la maladie de Lyme, extraits :
Ce jeudi 5 février 2015 a été débattue à l’Assemblée Nationale une Proposition de Loi sur la Maladie de Lyme, aussi appelée Borréliose de Lyme

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Points satisfaisants : France Lyme est satisfaite qu’à cette occasion une prise de conscience des dangers liés aux tiques et de la gravité de la maladie soit apparue de manière quasi consensuelle. Dans presque toutes les interventions dans l’hémicycle, la description était la même : cette maladie transmise par une piqûre de tique peut, si elle n’est pas diagnostiquée et soignée rapidement, avoir des conséquences graves sur la santé. Le malade peut développer des douleurs articulaires, musculaires, des céphalées, des problèmes cardiaques… Trop souvent le diagnostic est difficile à établir par méconnaissance de la part des médecins. De plus, les tests de dépistage ne sont que peu fiables  (*1). Le malade souffre, sans savoir de quoi, il est obligé d’arrêter son travail et sa vie familiale et sociale en pâtit. Cette proposition de loi ayant été renvoyée devant la Commission des Affaires Sociales, la Secrétaire d’État Mme Rossignol a indiqué des mesures qui seront mises en place par le gouvernement :
– développement de la recherche et des études cliniques
– nouvelle expertise sur la sensibilité et la spécificité des tests sérologiques

Points insuffisants : Lors du débat parlementaire, plusieurs sujets , particulièrement chers aux malades de Lyme n’ont pas été abordés : 1)  il appartient au gouvernement de s’assurer qu’un médecin désireux de soigner du mieux possible, et en son âme et conscience, chaque malade atteint d’une maladie vectorielle à tique, ne fasse pas l’objet d’un véritable harcèlement de la sécurité sociale et d’une interdiction d’exercer (*2)…  Le gouvernement se DOIT de permettre à chaque médecin d’exercer librement son métier. .  Concernant la pathologie qui nous intéresse, de nombreux médecins français avouent «avoir peur» de la sécurité sociale et se sentent démunis. La légitime nécessité d’éviter les résistances aux antibiotiques ne doit pas conduire à une approche purement statistique de la médecine, ne tenant pas compte des particularités de certaines maladies, qui, au contraire, nécessitent des traitements lourds….Nous demandons que dans la nouvelle Loi de Santé Publique soit mentionné le fait que tout médecin est libre d’exercer son métier, sans avoir à subir de pression de la part de la Sécurité Sociale….Par ailleurs, cette maladie a été retirée il y a quelques années de la liste des Affections Longue Durée. Il est urgent de la réintroduire.
2)  Nous condamnons fermement la conférence de consensus de 2006, qui fait foi actuellement en France. Il appartient au gouvernement d’encourager l’organisation dans les plus brefs délais d’une nouvelle conférence de consensus, en invitant à s’exprimer des médecins et experts d’opinions divergentes.
3) Nous demandons également que la Borréliose de Lyme fasse l’objet d’un enseignement approfondi dans les facultés de médecin
… En conclusion :
A l’heure où l’on nous répète à longueur de temps que la France doit faire des économies, il est important de souligner ce que coûte un malade en recherche de diagnostic parce que son test ELISA est négatif ou parce que son médecin, par ignorance ne pense pas à la borréliose. Hospitalisations à répétition, ponctions lombaires, radios, IRM, scintigraphies osseuses, nombreuses consultations chez de nombreux spécialistes, arrêts de travail, … Alors que prise à temps, correctement diagnostiquée et correctement traitée, cette maladie peut se soigner.

Dominique DUMAZEL

(*1) près des deux tiers des tests ELISA ne sont pas suffisamment fiables, certains soupçonnent une volonté de sous-diagnostiquer la maladie pour ne pas avoir à la prendre en charge par mesure d’économie.
(*2) Médecin mis en examen pour abus de prescription de test et d’une biologiste pour traitement alternatif à base d’huiles essentielles

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