Pierre Pommarel, conseiller régional et porte parole Europe Écologie les Verts Haute-Loire, réagit à la manifestation organisée au Puy-en-Velay, le 11 septembre dernier par la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles) et les JA (Jeunes Agriculteurs) en protestation contre les normes de protection des eaux.
La qualité des eaux douces est, non seulement un enjeu environnemental majeur, mais aussi un sérieux problème de santé publique. Elle concerne chaque citoyen et nul ne peut se dédouaner de sa responsabilité personnelle pour en assurer la protection voire la reconquête.
L’activité agricole impacte très directement les cours d’eau et les nappes aquifères, il ne sert à rien de nier une réalité maintes fois démontrée. Les constats scientifiques et sur le terrain sont clairs et sans appel : la gestion des effluents d’élevage ainsi que les pratiques culturales nécessitent donc des précautions afin de minimiser leurs impacts et s’orienter enfin vers une démarche « gagnant-gagnant », d’une part pour l’environnement et la santé des hommes, et d’autre part pour la rentabilité des exploitations, les revenus et les conditions de travail de la profession agricole. Un projet co-financé par le Conseil régional d’Auvergne – le programme « effluents fromagers 2008-2012 » – a , par exemple, été mené en ce sens et avec succès en Haute-Dordogne avec 58 agriculteurs, tous ravis de disposer aujourd’hui d’un atout technique, économique et environnemental pour leur exploitation.
La définition de zones sensibles vis-à-vis de la pollution diffuse par les nitrates n’a rien d’un caprice d’écologiste ou d’une lubie. Elle est avant tout motivée par un objectif de protection de la ressource en eau pour les besoins humains et la préservation de la santé. Ainsi, les syndicats FDSEA et JA qui ont appelé à une manifestation au Puy jeudi dernier contre les mesures visant à atteindre ces objectifs ne rendent pas service à la profession agricole, bien au contraire. Au lieu d’inciter leurs adhérents à coopérer au mieux pour concourir à cette mission d’intérêt national de protection de la ressource en eau, ils ont préféré, une fois de plus, jouer la carte de la démagogie. Plutôt que d’épandre du fumier devant la préfecture, il aurait sûrement été plus utile de se mettre autour de la table et d’évoquer, par exemple, les accompagnements financiers ou techniques de l’État.
Sans doute la FNSEA et les JA ont-ils le dessein de détourner l’attention des agriculteurs sur des boucs-émissaire commodes – l’Europe et l’environnement – alors que c’est la politique agricole intensive encouragée par la PAC et largement inspirée par ces mêmes syndicats, qui a fortement contribué à dégrader l’environnement et à accélérer les difficultés auxquelles font face de nombreux agriculteurs pendant que de grands exploitants n’ont cessé de s’enrichir.
Sans doute la FNSEA et les JA ont-ils également oublié volontairement de rappeler que l’Europe tant décriée finance, via la nouvelle PAC, très largement notre agriculture, en particulier sur les territoires de montagne : 1,2 milliards d’euros seront ainsi distribués en Auvergne entre 2014 et 2020 sur le 2nd pilier de la PAC, soit une progression de 400 millions d’euros par rapport à la période précédente !
Ce n’est pas rien, même si ça aurait pu être beaucoup mieux au niveau de la qualité des productions soutenues ! Pourquoi ? Car des lobbies et des syndicats agricoles comme la FNSEA et les JA ont fait tout ce qui était en leur pouvoir, lors des négociations, pour continuer de promouvoir une politique de volume, une PAC au service des « gros », des grandes exploitations céréalières notamment, au détriment d’une agriculture paysanne, respectueuse de l’environnement et de la santé, de l’emploi agricole et de la qualité des produits.
Plus que jamais, le dialogue constructif et respectueux entre agriculteurs et écologistes est indispensable, dans l’intérêt de tous : des professionnels, de la planète et de notre santé. Quant au respect de la réglementation qui protège notre environnement et notre santé il s’impose à nous tous Les syndicats agricoles qui ne comprennent pas cela aujourd’hui devront forcément évoluer… ou bien disparaître !