Chronique de la 3ème Assemblée Plénière de la Région Auvergne Rhône-Alpes de mars 2016
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Chronique de la 3èmeAssemblée Plénière de la Région Auvergne Rhône-Alpes de mars 2016. Elle a concerné surtout le débat d’orientation budgétaire. 
Écrit par une Elue du rassemblement en notre nom.  
La 3ème assemblée plénière depuis le début du mandat de Laurent Wauquiez les sessions ont été tendues , longues … Wauquiez nous a laissé sur notre faim quant à son projet de mandature.
M. Wauquiez est un homme pressé; pas question de laisser 10 secondes de plus aux orateurs pour terminer leur prise de parole ou discuter d’un amendement. Cédant à la facilité, il a coupé à plusieurs reprises le micro, en particulier quand les propos de l’opposition ne le flattaient pas. Pourtant, malgré cette impatience manifeste, 73 jours après sa nomination, celui-ci a eu beau jeu de nous rappeler que la Région Auvergne Rhône-Alpes était la première à se livrer à son débat d’orientation budgétaire, tel que prévu par la loi NOTRE comme une vision prospective : en fait d’orientation budgétaire, il  a plutôt été question de bilan de la mandature Queyranne. On voit un  peu mieux qui seront les grands gagnants de la mandature : les leaders mondiaux  du BTP et des télécommunications. On est un peu plus inquiet pour les associations et le transport ferroviaire. Heureusement, il n’y a pas eu que des mauvaises nouvelles au cours de cette Assemblée.
Et pour un carambar en moins par habitant… 
…. Les Auvergnats verront le montant de leur carte grise baisser, au même niveau que la Région Rhône-Alpes.  Cela représente trois carambars par famille. Super.
Cela faisait partie des promesses de campagne,en dépit de la COP 21 et de la nécessité impérieuse de réduction des gaz à effet de serre, à laquelle une fiscalité incitative peut participer ( le montant de la carte grise est lié aux émissions de CO2 des véhicules). Voilà côté dépenses, celles qui seront concédées en plus. Mais le ton était plutôt au grand plan d’économies sur fond de gestion de l’austérité : 300 millions de dépenses de fonctionnement en moins tout au long de la mandature. Dès 2016, le nouveau président de Région prévoit 75 M € d’économies grâce au regroupement des structures et à la mutualisation des dépenses. C’est sans compter sur les transferts de compétences affectés à la région (transports inter-urbains, développement économique, …).  Il ne prononcera pas un mot sur les agents de la fonction publique qui feront les frais de cette fusion, pas un mot pour les associations pointées du doigt pour une utilisation abusive des fonds publics,mais qui sont vecteurs de lien social, chevilles ouvrières de la préservation des espaces naturels, de l’éducation populaire et de l’insertion sociale. On se demande bien où il va trouver ses économies. La convention TER constituera-t-elle une façon brutale mais efficace de tailler dans le vif ? On peut le craindre.  La formation, dont la Présidente du CESER a rappelé qu’il s’agissait d’un investissement d’avenir,  pourrait également en faire les frais, ainsi que les 258 emplois dédiés à la mise en œuvre des contrats de développement durable Rhône-Alpes (CDDRA). Le montant des achats de la Région qui s’élèvent à 400 M€ sont aussi visés ; espérons que cette soif de réduction ne viendra pas se substituer  au désir de favoriser l’économie régionale dans les marchés publics. Si Laurent Wauquiez entend créer 70 000 emplois, on voit pour l’heure avant tout ceux qui seront sacrifiés dans les associations et la fonction
publique.
Relance des investissements climaticides
Laurent Wauquiez annonce par ailleurs 4 Mds d’investissement  entre 2016 et 2020 et le soutien en particulier à la formation, au tourisme, au numérique , à l’agriculture, à l’innovation, à l’enseignement supérieur et aux investissements routiers.
Avec le projet de l’A45 entre Lyon et St-Etienne,  on s’attend à une double peine écologique et économique : 500 hectares en moins qui seraient volés à l’agriculture de proximité comme l’a rappelé J-Charles Kohlhass. 100  millions d’euros seront consacrés à ce projet polluant, qui devrait détourner 40% des voyageurs des lignes TER, diminuer ainsi les recettes pour la Région,  et qui ne relève même pas de ses compétences. Alors on a peine à croire que de tels projets climaticides, qui assèchent les finances publiques au profit des sociétés concessionnaires contribueront à réduire la dette et à reconstituer l’épargne brute. Laurent Wauquiez s’en est pris avec violence à la gestion de l’équipe Queyranne, aux gaspillages, se livrant à un exercice piteux consistant à stigmatiser l’héritage pour mieux justifier la rigueur de ses postures budgétaires.
Le Front national ne représente pas la France apaisée !
Mais il n’a pas été le seul à se lancer dans des diatribes éhontées. Le Front national a eu plus d’une occasion de se montrer sous son vrai visage : haine, rejet de la culture, attaque des communistes traités de collabos, violence systématique des propos à l’égard de tous les groupes politiques. Le chahut et les vociférations étaient au maximum quand nous avons refusé de fusionner nos vœux pour une Région Auvergne Rhône-Alpes hors TAFTA. Si le parti de Marine Le Pen tente de récupérer les propositions que nous portons depuis toujours pour mettre à mal le Partenariat Transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), ce n’est pas pour s’opposer à la suprématie des multinationales  et à une économie ultra libérale à laquelle le FN n’a cessé de s’acoquiner depuis sa création. Il s’agit de ratisser comme un rat taupier* pour pêcher dans tout l’échiquier politique les tenants de la préférence nationale et les fossoyeurs de la démocratie.
Les bonnes nouvelles de l’Assemblée
Deux propositions venues de l’opposition (Rassemblement des élus citoyens, écologistes, solidaires, PS, PCF, PRG) ont été adoptées et valorisent haut et fort le travail des élus. La première émanait du PCF qui a proposé un amendement au règlement budgétaire et financier et réintroduit un chapitre sur la transparence financière issu du précédent règlement voté en2010.
Mais notre plus grande fierté vient récompenser un travail de plusieurs années et dont les 15.000 participants au rassemblement de Barjac il y a moins d’un mois, seront particulièrement satisfaits. La région Auvergne Rhône-Alpes se déclare hors Gaz de schiste et réaffirme son opposition à l’exploration et à l’exploitation des gaz de schiste sur l’ensemble du territoire.  Elle demande l’abrogation du permis TOTAL de Montélimar et se prononce contre les permis de Blyes, des Moussières, du Pays de Gex et de Haute-Savoie. Pour justifier sa position en faveur de ce vœu proposé par Corinne Morel-Darleux, Laurent Wauquiez a affirmé, en référence aux récents propos de Luc Chatel voulant faire de LR le « parti des gaz de schiste » : « Personne ne me dicte ce que j’ai faire sur la Région ». Nous serons attentifs à ce que cette posture continue à servir l’intérêt des populations, leur santé et leur environnement.
* le rat taupier a pris une ampleur inégalée dans le Cantal et le Puy de Dôme ; le vœu proposé par le groupe PRG et qui a obtenu le soutien  de l’assemblée, propose d’éliminer ces nuisibles pour soutenir l’agriculture du Cantal et du Puy de Dôme.