Pour EELV Allier, Gérard MATICHARD, le Secrétaire du groupe a déposé cet avis dans le dossier d’enquête publique :
Monsieur le Commissaire enquêteur,
Si techniquement ce projet « d’élevage » hors-sol intensif est réalisable, il est par contre ingérable au point de vue de ses conséquences sur l’environnement.
C’est dans cette logique technique que s’inscrit l’avis de l’autorité environnementale joint au dossier.
Alors que tous les clignotants de la planète sont dans le rouge (réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles), il serait particulièrement risqué de poursuivre dans cette voie (qui s’avère être une impasse) en favorisant l’extension de cette structure.
Ce projet va à l’encontre de la prise de conscience citoyenne, revendiquant une alimentation de qualité, respect du bien-être animal et de l’environnement.
Petit rappel : entre 1950 et 2007, la productivité du travail agricole a été multipliée par 26, (Paysans, le retour Hervé Kempf) ; cela signifie qu’un agriculteur produit vingt-six fois plus aujourd’hui qu’il y a soixante ans. Ce calcul oublie de prendre en compte « les dégâts collatéraux » de cette évolution stupéfiante : érosion des sols, pollutions des nappes phréatiques, perte de la biodiversité, maltraitance envers les animaux, utilisation de masses énormes de pesticides et d’antibiotique (dont on connaît maintenant les conséquences sur la santé des humains).
Il devient essentiel de réduire ces effets externes qui ont un coût caché pour la société très important. Cela veut dire travailler la terre autrement, y apporter plus de soin, se réapproprier les règles de l’agronomie, donc réduire la productivité apparente du travail agricole et au final, augmenter l’emploi paysan.
Il est temps de sortir de cette logique de la course effrénée à la productivité et à l’agrandissement, où seuls les plus riches s’en sortent, les autres disparaissent ; 500 000 agriculteurs aujourd’hui, 5 fois moins qu’il y a trente ans pendant que les jeunes ne trouvent pas de terres pour s’installer, des campagnes désertes, des agriculteurs au désespoir…..
La maltraitance envers ces animaux est insupportable et indigne d’une société qui se prétend civilisée.
Alors que M.VIARD élève déjà 320 vaches allaitantes et 240 bovins que signifie cette concentration supplémentaire de 4000 veaux destinés à l’exportation si ce n’est pour correspondre à ce qui se fait en matière de transport maritime d’animaux, c’est-à-dire 4000 animaux sur un bateau ! (voir dossier EP)
Venus de toute la France, parqués à Digoin, retransportés par camion jusqu’à un port, emmenés pendant des jours par bateau jusqu’à un pays (Algérie, Maroc, Turquie, Chine…) pour y être engraissés, voilà le sort de ces animaux-machines.
Cette concentration animale va de pair avec une forte consommation d’antibiotiques, désinfectants, pesticides…. Le dossier d’enquête devrait présenter une étude indépendante quant aux conséquences sur la santé humaine et l’environnement (pollutions des sols et de l’eau) des rejets de ces produits.
Les riverains devraient aussi supporter toutes les nuisances de l’extension de cette usine à viande : trafic de camions, bruit, poussières, odeurs…
Voilà Monsieur le Commissaire enquêteur, les principales raisons de la ferme opposition d’Europe Ecologie Les Verts du département de l’Allier à ce projet.
Bessay le 20 septembre 2017