Celline Gacon sur le « projet pharaonique » de la RN88
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La déviation du Pertuis–Saint-Hostien sur la RN88, c’est un projet anachronique pour lequel la Région Auvergne–Rhône–Alpes sort de son champ de compétences et contribue à hauteur de 90%. Les conséquences de sa construction sont bien réelles. Pourtant, de nombreuses questions restent en suspens.

La Région est ainsi capable de débloquer 236 millions d’euros pour une dizaine de kilomètres de béton, mais il lui est bien plus difficile d’envisager une réelle politique publique de desserte du territoire. Les habitants ont besoin d’alternatives en bus et train qui seraient bien moins coûteuses. Le tout-routier domine donc encore. Intervention de Celline Gacon au Conseil Municipal du Puy-en-Velay : 

« Ce soir, vous nous demandez de valider un projet pharaonique. Un projet imaginé en 1997. Lorsque l’on souhaite commencer des travaux de cette ampleur, le plus sage, la norme, est de savoir où l’on va, de savoir si d’autres alternatives moins couteuses existent, d’autres solutions techniques plus adaptées à ce territoire précieux, un autre projet qui tient aussi compte des attentes des citoyens qui s’inquiètent de voir tant de finances qui pourraient être mises ailleurs.

Or, il est flagrant que les incertitudes persistent.

Que deviennent les milliers de mètres cubes de gravas, remblais pour lesquels la maitrise d’ouvrage cherche encore des terres pour les y déposer sans réflexion de leur devenir ?

Que deviennent les nombreux et nouveaux riverains ? Bien sûr que ceux du tracé actuel ont besoin que soient pris en compte les impacts de ces flots de véhicules, mais ceux, plus nombreux, riverains du nouveau tracé ? Ils auront beaucoup moins de possibilités d’accéder à cet axe.

Que devient le rond-point de Lachamp qui n’est pas pris en compte dans le projet ?

Que deviennent les réseaux d’eau, de gaz, d’électricité ?

Qu’en est-il des accès au chantier ? Par quels chemins communaux, aux frais de qui ?

Que deviennent les exploitations agricoles qui vont être rapetissées voire démembrées ?

L’enquête ne mentionne pas ces éléments.

Que faire de l’absence cruelle de solutions alternatives, tel que les transports en communs pourtant prérogative de la région ?

Quelle aide va être apportée à ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir et d’entretenir une voiture ?

Non, nous ne gagnerons pas de temps sur ce parcours, et oui, il est plus long de près d’1,7km, ce qui va engendrer près de 20 000 km parcourus pollués par tous les véhicules qui l’empruntent chaque jour.

Et oui, sans doute que l’économie sera modifiée, mais peut être au détriment du bassin du Puy qui voit déjà de nombreuses entreprises stéphanoises répondre aux marchés du Puy.

Mais surtout et avant tout, c’est sur des aspects non quantifiables, non mesurables sur lesquels vous serez regardé : la beauté, l’intégrité, la grandeur de ces sites.

C’est sur l’affectif que vous jouez quand vous parlez des morts sur la route. Non, cette portion est précisément une des moins accidentogène et vous savez que les accidents sur des voies où la vitesse est élevée sont bien plus graves. 

Nous ne sommes pas opposés à des solutions plus sobres comme vous auriez voulu me le faire porter.

Mais c’est sur l’affectif aussi que les opposants vont s’appuyer, sur la défense de ce qui nous fait vivre et ce qui nous fait battre : la beauté, l’insondable fragilité des zones humides ; l’attachement à ce territoire qui est un levier bien plus fort que les millions engagés. »

Visitez la page de Celline Gacon, et ses profils Facebook et Twitter.

Pour plus d’informations contextuelles, retrouvez nos articles sur la RN 88 : 

La RN88, une enquête publique sur un projet archaïque.

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