Les écologistes du Cantal et d’Auvergne s’élèvent contre la possible exploitation minière de la narse de Nouvialle, formidable réserve de biodiversité, et réclament son classement en Espace naturel sensible.
Menacée d’exploitation par les entreprises Imerys et Chemviron, la narse représente une richesse inestimable pour notre territoire cantalien et auralpin. La narse est une fondrière tourbeuse en plein cœur de la Planèze de Saint-Flour (Cantal) sur un site classé « Natura 2000 ». Cette zone humide d’exception est un formidable réservoir de biodiversité, essentielle à la faune et la flore locales, dont de nombreuses espèces d’intérêt européen.
Il nous paraît, en outre, absolument indispensable de protéger cette zone humide qui constitue un tampon face à l’alternance de périodes de sécheresse et d’inondations. La préservation des ressources en eau est un enjeu crucial à court terme.
À l’heure où plus de 20 000 hectares sont artificialisés chaque année en France, la narse abrite de nombreuses terres agricoles et exploitations essentielles à la vie économique et il s’y déploie les activités phares de l’attractivité touristique de notre territoire (pêche, randonnée, hébergements touristiques familiaux en gîtes…).
Les arguments en faveur de l’exploitation ne sauraient effacer ces évidences.
Nous avons conscience que les exploitants représentent une certaine manne d’emplois sur le bassin de vie concerné. Toutefois, dans un contexte départemental proche du plein emploi, où les entreprises peinent à recruter, l’interdiction d’exploitation ne fragiliserait pas le marché de l’emploi. Cette interdiction rimerait avec transformation et accompagnement au changement : la transition écologique, nécessaire et inéluctable, est pourvoyeuse d’emplois nouveaux. La formation aux métiers de demain doit être une priorité, et doit notamment être portée par la Région Auvergne Rhône-Alpes.
L’aspect incontournable de l’utilisation de diatomées pour la filtration reste lui aussi discutable. L’utilisation principale concerne l’industrie agroalimentaire alors que nos modes de consommation sont questionnés : un tel degré de filtration au service de boissons industrielles est-il par exemple absolument nécessaire lorsque la conservation d’une zone humide est mise en péril ? Des alternatives existent. La cellulose ou la perlite pourraient répondre aux besoins de l’industrie agroalimentaire. Il est de la responsabilité des pouvoirs publics et de nos élu·es locaux·les de s’interroger à ce sujet. Or face à des enjeux économiques présentés de façons partielles et partiales, ces questions ne semblent pas encore posées.
Nous, élu·es et responsables écologistes du Cantal et d’Auvergne, appelons à la responsabilité nos collectivités locales et demandons au Conseil départemental du Cantal, le classement de la zone en Espace Naturel Sensible. Nous appelons l’État à agir en faveur d’un arrêté de biotope. La protection d’une zone humide, de la biodiversité et de terres agricoles s’impose aujourd’hui comme une nécessité afin de limiter les impacts du dérèglement climatique et préserver nos territoires pour les générations futures.
Natacha Muracciole, conseillère régionale écologiste du Cantal Stéphane Fréchou, conseiller départemental du Cantal Nicolas Bonnet, secrétaire régional d’EELV Auvergne
Contact presse sur le dossier: Natacha Muracciole06 73 63 25 27 – muracciole.ntch@gmail.com